La scène psychédélique texane (1965-1969)

La scène psychédélique texane (1965-1969)

Le Texas, Dieu sait pourquoi, tire toujours son épingle (stylet?) musicale de la proverbiale botte de foin, peu importe le style, un tant soit peu qu’il cadre mal avec les bien-pensants.

 

Que l’on pense aux racines du country-swing ou de celles du honky-tonk. On encore du mouvement hardcore punk avec des groupes cinglés comme les Dicks, Scratch Acid, ou encore les Butthole Surfers. Et que dire d’Austin, plaque centrale USA de diffusion des nouvelles tendances musicales, peu en importe le délire (ref : la vénérable institution de la chaîne PBS avec son « Austin City Limits »).

 

Il n’y donc rien d’étonnant à découvrir que le rock psychédélique est bien à son aise au pays de l’Alamo et du port d’arme quasi-incontournable.

 

La scène psychédélique texane, peu importante en quantité, mais géante en qualité, demeure probablement celle qui a été le plus authentique de toutes les scènes régionales américaines. Démesure et intensité, il va sans dire.

 

Et vinrent les 13th Floor Elevators

Les 13th Floor Elevators ont été parmi les premiers groupes psychédéliques : The Psychedelic Sound Of (1966) est sorti à l’automne 1966. Comme les Seeds de Los Angeles, leur son féroce rappelle celui des Rolling Stones. Roky Erickson était un frontman démoniaque et Stacy Sutherland fait école en matière de fuzz et de réverbération. C’est cependant son joueur de cruche électrique (un hommage à tous les jugbands des années 20 et 30) Tommy Hall que le projet prend tout son sens. Outre l’étrangeté de la « cruche », c’est Hall qui fusionne la culture psychédélique avec la pseudo-science physique et chimique ainsi qu’avec l’imaginaire religieux bric-à-brac des philosophies orientales telles que vues par l’occidental de salon.

 

L’histoire des 13th Floor et de son chanteur, Rocky Erickson, donne d’ailleurs au psychédélisme son premier martyr, condamné à l’asile psychiatrique et aux électrochocs, de la génération Woodstock. De quoi créer un mythe.

 

Le groupe s’est retrouvé au milieu du Hot 100 en 1966 avec You’re Gonna Miss Me, ancré par le chant plaintif inoubliable de Roky Erickson, la guitare de Stacy Sutherland, et la cruche électrique de Tommy Hall. Selon le mythe, la tonalité de la cruche de Tommy était réglée par la quantité de marijuana qu’elle contenait.

 

Le groupe a été l’un des pionniers de la première heure psychédélique garage sur ses albums The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators 1966, et le suivi Easter Everywhere 1967.

 

Cependant, le Texas était à l’époque une région extrêmement conservatrice qui n’avait pas encore digéré le rock’n’ roll des années 50. Les autorités et la police ont décidé d’arrêter tout le groupe pour de l’herbe (et, ce qui n’est pas surprenant, a réussi).

 

Stacy Sutherland a été emprisonnée. Pour éviter une peine d’emprisonnement, Roky a plaidé la folie – un stratagème malavisé qui l’a conduit à l’hôpital Rusk State pour les fous criminels pendant trois ans. Cette tournure des événements a marqué la fin du groupe, bien qu’il y ait eu un LP posthume de 1968, Bull of the Woods.

 

 

Les Red Krayolas, plus de 40 ans de bruitisme

 

Red Crayola (102), plus tard rebaptisé Red Krayola, fut l’un des plus grands groupes psychédéliques des années 1960 et probablement de tous les temps.

 

Projet de Mayo Thompson, qui en reste le seul membre permanent, les Crayola lancent un rock iconoclaste, déjanté, cacophonique qui allie le free-jazz à Stockhausen. Servi en mode rock par-dessus le marché.

 

Les Red Crayola jouent une musique extrêmement sauvage et cacophonique qui était en avance sur son temps de plusieurs décennies. Ils précèdent le rock expressionniste allemand (Krautrock) et les premiers sursauts punks américains (Pere Ubu).

 

« Parabole Of Arable Land » (1967) est l’un des jalons de la musique rock, un carrousel d’inventions/sabotages harmoniques sauvages. « God Bless » (1968) se rallie à Zappa et évoque les fantômes d’Edgar Varese et de John Cage.

 

Incompris aux États-Unis, Mayo renomme en Red Krayola le groupe une fois en Angleterre puis, las, revient joindre au cours des années 80 Père Ubu, groupe de New Wave Punk qui lui ressemble.

 

 

Golden Dawn : les petits frères des Elevators

 

Golden Dawn est l’un des groupes psychédéliques texans des années 60 sur le légendaire label International Artists, plus connue pour les 13th Floor Elevators.

 

En fait, les Golden Dawn ressemblaient beaucoup aux Elevators, bien que leur chanteur ait un phrasé plus doux et plus délicat et que Roky Erickson.

 

La similitude n’était pas très surprenante étant donné que le chanteur George Kinney avait grandi avec Erickson, et avait joué avec lui dans un groupe pré-Elevators, les Fugitives. Kinney a également joué au Chelsea, qui pendant un certain temps comprenait l’élévateur du 13e étage Powell St.

 

Les Golden Dawn ont sorti un album décent à la fin des années 60, Power Plant, qui (encore une fois, comme les Elevators) présentait une couverture riche en couleurs, des notes de pochette obscures, et des paroles insondables.

 

Le rôle de George Kinney dans la saga de Roky Erickson n’était pas terminé à la fin de l’aventure de la Golden Dawn. Le chanteur des Dawn a financé la publication du livre d’Erickson, « Openers », qui a aidé à sortir Roky de Rusk State Hospital.

 

Autres groupes importants de la scène texane

 

Comme toute scène, le Texas a fournit quantité de groupes qui ne se retrouvent aujourd’hui que sur des compilations garage. On citera à cet effet – entre autres – les Changing Times,  Livin’ End et The Moving Sidewalks, premier groupe de Billy Gibbons des ZZ Top.

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